J’ai longtemps pensé que cette idée : « je choisis d’être qui je veux être » ne me concernait pas car j’avais cru jusqu’à présent que j’osais vraiment être moi-même dans toutes les sphères de ma vie.Et c’est là que le bât blesse.En effet, tant qu’on n’a pas conscience d’une chose, on vit dans le brouillard, on voit bien que l’on ne voit plus grand chose mais on ne sait pas d’où vient ce brouillard.Par contre, quand on a compris ce qui le causait, on peut alors s’en occuper.
En fait, j’ai toujours cru que j’avais confiance en moi et que, par rapport à beaucoup d’autres personnes, j’osais des choses que d’autres n’osaient pas.J’avais de l’audace quand d’autres avaient des peurs.Jusqu’au jour où j’ai accepté de voir mes peurs en face, de voir une coach qui m’a fait grandir et prendre conscience de mes blocages et de leurs causes.
J’avais, de fait, confiance en moi, mais je pris conscience que j’avais confiance en moi jusqu’à un certain stade, et que, passé ce stade, je ne me permettais plus d’être pleinement moi-même.La question est donc la suivante : que peut-on faire pour se laisser le droit d exister dans son intégralité?Et d’où viennent les obstacles internes qu’on s’impose comme si on érigeait en nous une frontière, une palissade de pieux et qu’on n’allait jamais explorer ce qu’il y avait au-delà de ces limites: ces territoires encore vierges , en attente d’être découverts, sentis, touchés, humés, caressés, vus. On reste dans la forteresse, vêtu de notre costume de toujours qui devient trop petit au fil des années mais qu’on garde par habitude, par loyauté-envers qui?-.Mais oui, il faut déchirer ce vieux costume qui nous engonce, le réduire en miettes pour s’en refaire un sur-mesure, et ce, à chaque moment de nos vies où l’on comprend que l’on a mué. Mue nécessaire pour avancer, encore et toujours, au plus près de nous-mêmes, au plus près de qui nous sommes vraiment. Pour décider, enfin, de vivre notre vérité, et non celle de quelqu’un d’autre.Écrit ainsi noir sur blanc, ça semble facile, fluide et aisé.On sait bien qu’il n’en est rien.Je crois que, premièrement, on doit prendre conscience qu’on ne se laisse pas la possibilité, la chance , l’opportunité d’être qui on veut être.Pourquoi ? Parce qu’on nous a toujours dit “comment “ il fallait être et “comment” il ne fallait pas être. A l’école. A la maison. C’est ainsi que nous nous sommes construits avec une identité réduite, un nous-mêmes miniaturisé qui ne gêne personne-car c’est ça qui est à stigmatiser en réalité-N’ayons pas peur de gêner ! Notre droit le plus naturel, notre droit premier, c’est d’exister, mais d’exister comme on a choisi d’exister et non en fonction des attentes des autres.Combien d’êtres arrivent à percer cette coquille de conditionnements pour éclore à soi? Combien parviennent à grimper la palissade de pieux aiguisés pour accéder à la liberté totale et libératrice? Combien réussisse à abandonner leur vieux moi pour laisser vivre le nouveau moi, actualisé, tout neuf et en accord intime avec qui on devient. Mais oui, c’est difficile de se dire: ça, ce n’est plus moi. On peut avoir l’impression qu’on se trahit, qu’on ne sera plus vraiment nous-mêmes si on est différent de ce qu’on a toujours été. Pourtant le paradoxe veut qu’on n’aura jamais été autant nous-mêmes qu’à cet instant où on aura choisi de l’être. Car exister, c’est un choix.Beaucoup d’entre nous vivons sans véritablement faire ce choix.Nous vivons même souvent dans l’ignorance qu’on peut choisir qui on est, qui on veut être.C’est sûr que c’est moins fatiguant de se laisser définir par les autres, façonner comme de la terre molle et docile.Mais n’est-ce pas plus juste et plus loyal pour nous-mêmes de nous remodeler au gré de nos expériences intimes de vie, de nos voyages intérieurs et des nouvelles prises de conscience qui nous éveillent ? D’être nous-mêmes nos propres créateurs d’une création qui n’appartient qu’à nous seuls ? Alors, tenons-nous prêts à mettre nos mains dans notre argile intérieure pour laisser vivre nos envies, nos projets, nos passions. Oui, nous permettre d’être vraiment vivants.
Par Marie Renouard